Inspiration du moment !

Vie privée, vie publique… vaste débat !

Loin de nous la confusion entre ce que d’aucun appelle « sphère privée » et « sphère publique » à notre époque. La vie privée, c’est l’espace où chacun d’entre nous fait ce qu’il entend, sous réserve de ne pas gêner autrui comme il est communément admis, et sous réserve, cela va de soi, y compris pour le domaine privé, de ne pas avoir d’attitude qui mette en cause l’intégrité et la dignité de ses proches. Comment oublier que, trop souvent encore, c’est aussi dans cet espace que sont battues des femmes, des enfants maltraités ou abusés et où, peuvent se cacher des pratiques moyenâgeuses comme l’esclavage à l’abri derrière les façades bourgeoises ou non parfois, les médias nous renvoyant ces pénibles échos. Dans ces tristes cas, il importe que la justice passe…

Donc, pour nous, la vie privée, celle de monsieur et madame “tout le monde”, la notre, la votre, est naturellement un espace qui doit être respecté et qui ne supporte pas d’être livré à l’opinion publique, à l’exception des sordides rappels précédents. Et, sans doute, c’est pour cela que dans notre ville, ainsi qu’en de nombreux autres endroits du pays, il n’y a pas de paparazzis qui traquent nos vies, modestes et ordinaires, certes, mais importantes puisque ce sont les nôtres !

La sphère publique comprend une autre dimension, celle de l’artiste, celle de l’homme ou la femme politique, du ou de la présidente de club, d’association, du responsable syndical, celle qui, globalement, donne à voir, à entendre et à critiquer… La sphère publique est donc accessible à tous, à l’autre, au citoyen… en ce qu’elle produit inévitablement regards, partage, discussion, affrontement, de la démocratie, en quelque sorte !

Que dire, à propos de cette dimension, sinon que si la lisière avec la sphère privée n’est pas toujours aisée à percevoir, elle existe sans aucun doute et qu’il faut s’y attacher.

Pour autant, l’Elu(e), celui ou celle à qui ses concitoyens confient, par contrat à durée déterminée, les clefs d’une part importante de leur destin commun, l’Élu(e) n’a pas d’autre choix que de savoir composer entre les aléas de sa vie publique et ceux, habituels, de sa vie privée. Son mandat l’expose à la même mesure qu’il doit savoir en rendre compte, pendant et à échéance. Quoi de plus normal.

L’Elu(e) a aussi dans “sa musette” les signes de son rôle dans la Cité : écharpe et carte d’identité tricolore, pin’s à la boutonnière et, c’est bien logique, fonction oblige, une place de choix dans les manifestations … publiques avec pupitre pour les discours puis photos dans la presse municipale. Il peut, selon l’importance de sa charge, bénéficier d’autres éléments d’identification : voiture de fonction dûment identifiable par macaron “bleu – blanc – rouge” apposé sur le tableau de bord, chauffeur éventuel, protection rapprochée si nécessaire, le cas échéant et… pourquoi pas, place réservée, stationnement compris comme c’est le cas devant chaque mairie, par exemple !

A ce titre, l’Elu(e) est donc parfaitement reconnaissable comme le sont de nombreux attributs de sa fonction.

Mais, voila, à Noisy le Grand, cette réalité vient de prendre une tournure étonnante et sans doute inquiétante.

Chacun se rappellera que la voiture de fonction de Monsieur le Député – Maire a été incendiée intentionnellement par deux jeunes adultes sous l’effet de l’alcool, dans la nuit du samedi au dimanche, la semaine passée. Le Parisien s’en est fait l’écho par deux fois et les Élus dont nous sommes, comme de nombreux responsables d’organisations et associations, s’en sont émus et ont condamné cet acte stupide et odieux, mais fort de sens puisque l’on s’en est pris au véhicule officiel d’un homme public.

Il est évident qu’il ne sera jamais question de justifier une telle atteinte à la vie publique d’un élu et, par ricochet, l’atteinte à sa vie privée puisque le véhicule était stationné devant son domicile personnel.

Même si chacun a le droit de contester les orientations municipales du moment, de ne pas partager tel ou tel choix, une telle atteinte est inadmissible et il convient de le dire haut et fort sans la moindre ambiguïté.

Dans le même temps, pour autant condamnable que soit l’acte, il ne peut être question de procéder par amalgame dans une telle affaire.

Nous apprenons que le président de l’association de défense des habitants des Bas-Heurts (voir lien) a été destinataire d’une lettre du Maire l’informant qu’il avait communiqué à Monsieur le Procureur de la République l’adresse du blog de l’association au prétexte que ce dernier avait mis en ligne, il y a quelques semaines, des photos du véhicule de fonction, mal stationné, dans un lieu connu de nombreux noiséens. Le numéro d’immatriculation du véhicule était soigneusement caché.

La question, légitime, posée lors de cette présentation… d’un véhicule municipal, donc public, était celle de l’exemplarité qui s’impose, sans doute, aux élus plus qu’à d’autres, surtout dans ces temps de création de police municipale, d’intensification du stationnement payant et de respect évident du code de la route. La question, nous le pensons, était légitime et ne doit pas donner lieu à instrumentalisation après coup, si l’on peut dire.

Il est trop facile d’imputer a posteriori une responsabilité particulière à une association citoyenne pour un fait divers, odieux certes, mais surtout stupide si l’on en juge par l’information du Parisien prêtant à l’un des incendiaires le propos selon lequel « il n’aimait pas le maire ».

Le débat politique peut être vif. Les désaccords bien réels et l’affrontement politique dépassent, aujourd’hui, les seules frontières délimitées par les Partis politiques. Mettre en cause de façon aussi implicite la responsabilité éventuelle d’une association qui intervient dans l’espace public pour donner son avis, critiquer ou proposer, est une attitude très équivoque sinon inquiétante.

De fait, c’est le droit et la nature même du mouvement associatif,  pourtant issu d’un creuset commun aux partis politiques et aux organisations syndicales sur le plan historique, qui se trouvent ainsi contestés et montrés du doigt. Or, ce creuset commun fonde la vie démocratique de notre pays pour une part essentielle.

Pourvu qu’à Noisy-le-Grand, aucune association ne se mette à promouvoir l’illustration par la caricature des acteurs de la vie municipale ! Sinon, fidèle à l’esprit de Daumier, de « l’Assiette au Beurre » en passant par « Le Canard Enchaîné » et « Charlie Hebdo », il y aurait risque que de futurs artistes, militants d’associations, voient leurs dessins rendus responsables des déboires des hommes et des femmes qui animent, bien ou mal, la sphère publique !

Décidément, nous ne mangeons pas de ce pain là, Monsieur le Maire.

Pour les Élus Communistes de Noisy-le-Grand
Etienne DOUSSAIN

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.