Procès, procès, quand tu nous tiens !

Monsieur le Député-Maire,

Lors du conseil du mois de juin dernier, je vous ai fait part de ma désapprobation et de mon opposition à la méthode qui consistait à faire démolir prématurément les maisons acquises par la ville dans le quartier des Bas-Heurts, en particulier à la veille de la fête organisée par les habitants de ce quartier.

J’en profite, d’ailleurs, pour m’étonner, alors que j’ai demandé par deux fois à votre cabinet la transcription exacte de l’enregistrement de mes propos, de ne pas l’avoir obtenue alors que le compte-rendu n’était pas encore fait, donc que les bandes d’enregistrement étaient encore disponibles.

Cette remarque étant faite, mon observation avait donné lieu à un bref débat durant lequel, compte tenu de l’émotion légitime suscitée par ces démolitions, les mots échangés par les uns et par les autres ont pu être mal ou volontairement mal interprétés, du moins je le crois honnêtement comme je crois sincèrement que faire abstraction du contexte lors d’une discussion dans une enceinte démocratique telle que la nôtre, c’est prendre le risque de réduire, peut-être involontairement le propos de tel ou telle. C’est, d’une certaine façon, réduire le débat démocratique, y compris la colère, la tristesse ou le dégoût qui peuvent y être exprimés.

Lors du conseil suivant, au mois de juillet, le débat sur la restauration scolaire a donné lieu, selon ce qui m’a été rapporté fidèlement, à de vifs échanges entre plusieurs élus où la question de la sincérité ou plutôt de la qualité de la présentation de la délibération portant sur l’appel d’offre a été évoquée.

Ce type de question m’apparaît légitime, là encore, dans une enceinte démocratique… même s’il peut être légitime de reprocher la virulence de tel ou tel propos qui dépasse la pensée réelle de celui ou celle qui le prononce. Et combien de fois, en avons-nous été témoins dans cette salle !

J’ai appris que vous aviez souhaité faire instruire une plainte pour diffamation contre une élue de ce conseil suite à ces deux débats, renouant en cela avec des pratiques dont je pensais qu’elles avaient cessé à Noisy depuis quelques temps, au moins entre élus.

Je ne partage pas ce choix et je considère que si notre qualité de représentant de la population nous impose de savoir respecter les conditions indispensables du débat démocratique, celui qui consiste à savoir vivre ensemble, il ne semble pas opportun, sinon plus que discutable, de judiciariser nos échanges de point de vue, fussent-ils maladroits ou trop véhéments dans le contexte où ils sont tenus.

J’y vois une tentative, légale certes, mais une tentative, bien involontaire vraisemblablement, d’amoindrir la vie démocratique par la crainte d’un procès fait à celui qui s’exprime.

Il y a là une question de principe auquel nous devons nous attacher sinon combien d’articles de journaux faudrait-il censurer, combien de militants politiques devraient-on embastiller ?

Reste d’ailleurs sur ce point, une question qu’il faut éclairer. Vous estez en votre nom personnel ou au nom de la commune, donc en notre nom ?

Si tel est le cas, c’est à dire au nom de la commune, je le redis clairement, je ne partage pas ce choix et je refuse d’être associé à cette plainte. A cet effet, j’exprimerai mon avis, s’il le faut.

Dans l’un ou l’autre cas, je vous serai reconnaissant, Monsieur le Député-Maire, de reconnaître que le débat démocratique peut entraîner des échanges parfois trop vifs, nous en avons souvent été témoins dans cette salle et vous n’êtes pas le dernier, et, qu’à ce titre, vous êtes partisan d’interrompre la procédure en cours parce qu’inutile et stérile.

Je vous en remercie par avance au nom du respect mutuel que notre statut d’élu, de la majorité ou de l’opposition, doit suggérer à chacun.

Étienne DOUSSAIN   Fait à Noisy, le 12 octobre 2006

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