Bas Heurts décembre 2004

Monsieur le Député-maire, Mesdames, Messieurs,

Nous avons à nous prononcer, ce soir, sur l’opportunité de création de la ZAC des Bas Heurts. Vous le savez, ce projet de ZAC dans ce secteur pavillonnaire de notre ville ne soulève pas l’enthousiasme, c’est le moins que l’on puisse dire !

Restructurer totalement cette partie de la ville avec la construction de 1500 logements, voire 1800, dont 30% de logements sociaux au prétexte d’un réel besoin de logements à Noisy n’apparaît toujours pas aux élus communistes comme nécessaire, du moins dans la configuration proposée.

C’est vrai, il manque des logements dans notre ville et il en faut !

Pour autant, chacun sait qu’une telle opération d’aménagement ne répondra pas sérieusement à la demande croissante non satisfaite. Ce ne sont pas, en outre, les 40% de logements en accession à la propriété à taux 0%, mesure concoctée par Mrs. De Robien et Boorlo, qui répondront à ce vrai problème car l’on sait que les ménages, modestes ou moyens, ne peuvent pas acheter en raison des prix élevés du marché. Ce qui est vrai en Ile de France est vrai à Noisy.

Les communistes ont évoqué publiquement leurs préoccupations sur ce sujet. Les accédants à la propriété, aujourd’hui, cèdent le pas devant les investisseurs, qui sont les principaux acheteurs. L’Agence Nationale pour l’Information sur le Logement (ANIL) a confirmé dans une étude de septembre 2004 qu’un tiers des ménages à revenus moyens ou modestes, qui souhaitaient acheter pour la première fois, a abandonné son projet d’achat. La moitié, selon la même étude, l’a différé de plus de cinq ans.

Nous le savons tous, la politique libérale imposée à notre pays depuis trop longtemps, les mesures réactionnaires de ce Gouvernement pèsent de plus en plus durement sur la majorité des citoyens !

Dans ce contexte, Nous n’avons pas d’illusion, une seule opération d’aménagement à Noisy-le-Grand ne peut répondre à la grave question du logement social.

Dans le même temps, les communistes sont partisans que la ville s’engage dans un programme ambitieux aux côtés de la Région Ile de France et de l’Etat pour satisfaire la demande d’habitat social, ils ne croient pas pour autant que cela doit se réaliser au détriment de la qualité de vie de chacun et de chacune, futurs et anciens habitants.

Nous avons aussi dit que « Noisy n’a pas à rougir des 26% de logements sociaux implantés dans plusieurs quartiers de la ville. Nous pouvons encore en créer ».

Et pourtant, l’expérience doit commander notre réflexion :

  • Nous ne devons pas concentrer l’habitat dans plusieurs quartiers comme lors de la création de la ville nouvelle de Marne la Vallée !
  • Nous n’avons pas à privilégier la promotion immobilière au détriment de la qualité de vie des noiséens.
  • La mixité sociale est possible dans ce quartier, sans densification, en respectant l’existant avec un nouveau projet d’urbanisme maîtrisé.
  • Nous ne savons pas comment la ZAC du Clos Saint Vincent va vieillir. Par contre, nous connaissons la façon dont plusieurs des quartiers de la ville ont évolué. Nous avons la responsabilité d’appréhender, dès aujourd’hui, les conséquences pour tout nouveau projet.
  • Terminons les belles opérations de restructuration du Champy, des Hauts Bâtons !
  • Entamons celles du pavé Neuf et de la Butte Verte au plus vite dans l’intérêt de tous les noiséens !
  • Réfléchissons, avant toute décision définitive, y compris avec d’autres urbanistes, aux difficultés futures pour faire vivre cinq à six mille nouveaux habitants, voire sept ou huit mille dans notre ville.
  • Ne nous contentons pas d’un saupoudrage virtuel d’équipements publics et sociaux à venir quant on sait la complexité du montage de telle ou telle structure médico-sociale, par exemple.
  • Soyons certain qu’EPA-Marne, Etablissement Public d’Aménagement de Marne la Vallée, propriétaire du Mail Horizon jouxtant les Bas Heurts, va coordonner son action avec la ville. Les installations de l’école de Police, de Bercy III ou du lycée International sont de bonnes nouvelles mais cela ne règle pas les problèmes de transports, de voiries, d’assainissement pour la ville de Noisy le Grand dans ce quartier. Il faut encore plus de certitudes d’efficacité de la part de l’EPA. Le passé, encore trop récent, nous a démontré que l’établissement public n’était pas au top de la performance !
  • Ne négligeons pas, enfin, l’impact financier pour notre ville de la multiplication des chantiers ouverts sous risque de fuite en avant. Nous n’aurions pas le droit de laisser croire « qu’après nous, le déluge » !

En ce qui concerne les élus communistes, nous continuons de penser que de la qualité du projet découle la qualité de vie de tous.

Nous pouvons réaliser une opération exemplaire par sa mixité sociale, son maillage et son respect des futurs et actuels habitants de ce quartier dans une ville où il fait bon vivre..

Nous pouvons, d’ailleurs en tenant compte de l’existant, ne privilégier que du logement social tant les besoins sont grands. Nous en sommes partisans !

Nous sommes membres de la majorité municipale et pourtant nous ne partageons pas l’ambition actuelle de ce projet. Nous l’avons dit dès juillet 2004. Ce n’est donc pas une surprise.

Nous ne satisfaisons pas de l’expulsion de 60 familles sur l’autel de l’intérêt général alors qu’il est possible de faire autrement.

M. le Maire, vous le savez, la majorité de ces familles a clairement exprimé son accord sur un aménagement nécessaire de leur quartier.

Construisons du logement social de qualité à des conditions modernes et humaines ! Nous sommes d’accord

Organisons une mixité sociale de qualité ! Nous sommes d’accord !

Accélérons la rétrocession de la ZAC de l’Hôpital par EPA-Marne, par exemple, pour combiner des aménagements plus modestes et plus opérants ! Nous sommes d’accord !

Mais, dans tous les cas, toujours en veillant à ce que souhaitent nos concitoyens, y compris pourquoi pas en organisant leur consultation sous des formes inédites à Noisy le Grand !

Qu’aurions nous à perdre, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, à décider d’un vote sur un projet d’aménagement nouveau.

Si la légitimité du conseil municipal n’est pas en cause, la qualité de ses projets peut pourtant être questionnée par les électeurs. Leur point de vue est aussi légitime. Après, c’est trop tard…et la politique s’éloigne encore un peu de la tête de nos concitoyens !

Dans l’état, l’insatisfaction des élus communistes est telle qu’elle nous conduira à voter contre la création de la ZAC, ce soir.

Deux dossiers concernent cette opération d’aménagement. Dans les deux cas, les élus communistes marqueront leur désaccord.

Pour nous, il n’est pas question de freiner l’urbanisation indispensable, mais de penser la ville autrement.

Le 17 décembre 2004

Pour les Élus Communistes

Étienne DOUSSAIN

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