Plu, Plu, Plu … et puis s’en vont !

Mesdames, Messieurs, Monsieur le Député-Maire,

Le plan local d’urbanisme, voila un sujet d’importance qui ne peut que déclencher  passions, inquiétudes et… véritables questions de fond.

Passions légitimes car Noisy-le-Grand, depuis plus de 30 ans, est passée sous le joug du schéma directeur des villes nouvelles qui a fait de notre commune un maillon d’une politique d’urbanisation massive, urbanisation massive dont on touche quotidiennement les limites concrètes, aujourd’hui, la crise ayant durablement modifié les espérances, y compris celles que voulaient incarner les réussites architecturales du moment.

Comment, en effet, ne pas se rappeler l’intervention de grands créateurs au Pavé Neuf, au Mont d’Est avec le Palacio ou encore à la Noiseraie I, par exemple. Et pourtant, 30 ans après, vit-on toujours bien dans ces quartiers ?

Inquiétudes car, après l’impact « Epa Marne », instrument d’une politique d’Etat inachevée, s’imposant aux communes, sans choix pour ces dernières, les erreurs d’hier pourraient être celles de demain ?

Inquiétudes car l’urbanisation galopante, avec en toile de fond des besoins massifs en logement non satisfaits sur tout le territoire national, particulièrement en Ile-de-France et une spéculation effrénée, pourraient justifier une logique de densification qui peut et doit être discutée tant cette logique suppose des solutions complémentaires et indispensables qui traitent de la problématique du transport en commun, du réseau routier, du traitement de l’eau, des ordures ménagères, des équipements publics de proximité, bref du cadre de vie sans que ce dernier puisse être circonscrit à notre seule ville.

De vraies questions avec au premier chef l’emploi et son corollaire la formation incluant écoles, collèges, lycées, université ; emploi qui taraude lorsqu’il est perdu, précaire ou absent, qui taraude en les dégradant, au quotidien, les conditions de vie des gens même dans la « plus belle ville du monde ».

Comment pourrait-on passer sous silence cette question difficile et douloureuse que de trop nombreuses personnes, à Noisy comme ailleurs, affrontent jour après jour.

De vraies questions, encore, autour du processus démocratique d’élaboration du Plan Local d’Urbanisme. Le PLU est-il le miroir d’un futur programme électoral ou doit-il témoigner de la capacité des élus, au sens républicain du terme, de savoir partager et construire une réflexion avec le plus grand nombre pour dessiner la ville de demain dans son environnement local, départemental et régional ?

Pour les Élus Communistes, le PLU et sa déclinaison par le PADD, le projet d’Aménagement et de Développement Durable, sont des enjeux essentiels du Noisy-le-Grand de ce lendemain que nous voulons tous le meilleur.

A ce titre, aucun d’entre nous, élus, militants associatifs ou simples citoyens, ne peut rester indifférent devant les stratégies implicites qui se dégagent des documents publics soumis, à ce jour, à la concertation réglementaire.

Pourquoi ne pas consulter les associations ? Comment sera prise en compte la parole des habitants ?

En raison de ces enjeux essentiels, faut-il, d’ailleurs, aller aussi vite ? Les délais semblent, c’est le moins que l’on puisse dire, courts et peuvent laisser à penser qu’il faut se contenter du minimum syndical, excusez moi… c’est une déformation peut-être, sur un sujet qui engage la ville, pourtant, sur les 20 prochaines années.

Comment pourrions nous prendre, collectivement, la responsabilité d’imposer un mode d’urbanisation, de développement économique en les fixant « dans le marbre » parce que, nous les élus du moment, nous pourrions penser, avec des nombreuses nuances certes entre nous, que ce sont les meilleurs ?

Au-delà du minimum réglementaire, le PADD mérite mieux en terme de consultation, n’hésitons pas sur les mots, populaire.

Je sais bien que l’enquête publique permettra de prolonger l’intervention de chacun après les trois réunions publiques qui ont été tenues avec un succès très relatif.

Comment ne pas souhaiter, à mon avis, que la consultation soit amplifiée, tant la perspective tracée peut être motif de controverse ou de contradictions argumentées qu’il faut prendre en compte.

La légitimité des élus est une chose, l’avenir d’une ville de plus de 60 000 habitants mérite de poser tranquillement les termes du débat en prenant le temps de faire fructifier ce dernier.

Il n’est pas certain, en effet, que la ville de demain, que nous ferons vivre ensemble, sera celle que le diagnostic posé et les projets évoqués dans le document mis à disposition des Noiséens laissent entrevoir.

Il y a là des choix politiques, certes, mais il y là, bien plus, du « vivre ensemble » qui nécessite co-élaboration du plus grand nombre.

C’est un premier point de débat. Sommes nous à la hauteur de la dimension démocratique que doit revêtir la construction du PLU ?

Je n’en suis pas convaincu et il y a longtemps que j’ai cessé de penser à la place des autres en leur disant : « c’est pour votre bien, on s’occupe de tout ».

Un second point de débat est éclairant sur la perspective. Il s’agit du développement de l’activité économique.

Malgré la parole non tenue de l’Etat, depuis 30 ans faut-il le rappeler, sur la construction d’une activité tertiaire basée sur des milliers de m² de bureaux, la proposition qui est faite consiste à réitérer la même demande comme seule solution pour équilibrer les recettes futures de la ville en omettant de souligner, qu’aujourd’hui, l’opérateur de Mailles Horizon reste l’Etat et son bras armé local, Epa Marne, même si nous savons qu’une négociation doit s’entamer sur ce point.

Sans lancer une polémique, qui a sa justification, sur les nombreux m² carrés de bureaux inoccupés, à Noisy mais aussi ailleurs… Il nous faut reconnaître, à Noisy, que plus de 50 000 m² inoccupés même si certains sont obsolètes, c’est beaucoup et ça nuit au dynamisme et à l’image !

D’autant plus, qu’au-delà de la seule politique des promoteurs qui surfent sur la demande immobilière, la négociation avec l’Etat pour la rétrocession du foncier à la charge d’Epa Marne n’est pas gagnée.

Il y a loin de la coupe aux lèvres, d’une part, comme il n’est pas interdit de se poser la question des recettes futures de la ville mais à quelles fins, d’autre part ?

Pour la densification ? Pour équilibrer les projets de futurs mandats électoraux ? Donc pour quelle type de ville dans l’est parisien… ?  Pour aller vers 75 000 habitants nous annonce-t-on dans le document public du P.L.U. ? La question pour les citoyens, comme pour les élus, est donc légitime !

Pour autant, dans ce contexte, la venue du lycée international peut être une bonne nouvelle, sous réserve que l’excellence soit partagée par le plus grand nombre et que la question d’un lycée professionnel soit aussi abordée un jour à Noisy-le-grand.

La venue de l’école de police, une autre bonne nouvelle ? Il en faut donc pourquoi pas à Noisy-le-Grand !

Néanmoins, de nombreuses interrogations peuvent subsister. L’attractivité de la ville, pour quoi faire ? Image de marque ? Faire venir les entreprises ?

Faire évoluer la démographie urbaine et modifier sa sociologie ?

Notre avis n’est pas définitif sur tout cela, même si, là encore, il est légitime de s’interroger, notamment à un moment où la politique de désengagement de l’Etat pèse et va peser sur les collectivités locales et territoriales et donne la tentation d’une fuite en avant dans la recherche, coûte que coûte, de recettes nouvelles.

Alors de ce point de vue, loin d’être une stratégie avérée, il y a lieu de vérifier par un débat patient et éclairé, la crédibilité et la réalité d’un développement économique qui ne soient pas une seule réponse locale, « nous et pas les autres parce qu’on le vaut bien », Noisy-le-Grand se débrouillant mieux que ses voisins, décalant ainsi les vrais termes de la question.

Une attractivité pour créer de l’emploi, notamment, pour les noiséens et leurs voisins et pas simplement pour devenir la capitale de l’Est parisien, oui sans aucun doute, y compris dans une logique de rééquilibrage régional !

Une attractivité pour capter de la taxe professionnelle parce que nous serions meilleurs que nos voisins et parce qu’il faut financer de nouveaux projets de densification, cela se discute et, vous en conviendrez tant la ville est à partager, n’est pas une fin en soi.

Une attractivité pour devenir riche et autonome sans mettre en cause, car riche et autonome, les politiques publiques qui appauvrissent toutes les collectivités n’est pas non plus très satisfaisante.

Reste, bien sûr enfin, sur ce point, la nécessité ou non de consacrer toute une partie du territoire de notre ville à une activité tertiaire sans tenir compte d’éventuelles possibilités en termes de logements tant les besoins sont grands, construction à taille humaine, de programmes d’habitat moins dense comme cela se pratique presque partout maintenant dans un espace qui pourrait donner lieu à de beaux projets pour une ville moderne, tournée vers l’avenir avec le souci permanent des conditions de vie et de l’environnement de ses citoyens.

Parler du logement à propos de l’attractivité d’une ville où il fera bon vivre m’amène naturellement à la dynamique de projet du PLU présenté aux Noiséens.

Si nous partageons la nécessité d’une intervention forte de la ville, avec l’Etat et la région, pour continuer la requalification des quartiers, trop longtemps délaissés, je pense au Pavé Neuf, à la Butte Verte mais aussi, certainement à d’autres plus petits collectifs disséminés dans la ville, qu’en sera-t-il des projets ANRU : Châteaux de France et foyer AFTAM dont la démolition-reconstruction doit se faire à capacité égale ? A ce propos, il est bon de savoir que d’autres villes ont fait le choix de répondre à la sur-occupation d’un foyer AFTAM par la construction de 2 entités dans des quartiers différents de la même ville.

Dans le même temps, au-delà des requalifications nécessaires, nous réaffirmons notre désaccord sur les projets comme la ZAC des Bas-Heurts sont connus.

Nous ne souhaitons pas accélérer la densification de la ville par de tels projets. C’est vrai pour cette ZAC de 1 500 logements. Ce pourrait être vrai, demain, pour la ZAC dite de l’Hôpital si Epa Marne décide de rétrocéder les terrains à la ville, soit 1 200 logements auxquels il faut ajouter les 300 logements prévus en Bord de Marne.

Noisy-le-grand doit encore « digérer », passez moi l’expression, sa partie ville nouvelle où des efforts significatifs doivent être faits, nous venons de l’évoquer.

Noisy doit « digérer » la ZAC du Clos Saint Vincent sans que personne ne sache à ce jour quelle sera son évolution par le double jeu, notamment, de la spéculation et de son vieillissement.

Noisy doit « digérer » un centre ville en pleine mutation car, que l’on condamne ou non cette opération, aujourd’hui, nous sommes entrés définitivement dans une logique de « coup parti » qu’une majorité municipale, quelle qu’elle soit, devra assumer.

Et enfin, Noisy-le-Grand doit « digérer » les contraintes de son urbanisation récente sur le plan des déplacements de sa population, qu’il s’agisse de transports urbains, de voirie ou, encore sur les plan des responsabilités communales en matière d’assainissement, d’ordures ménagères. Nous pourrions et devons ajouter l’action sociale de la ville, la question de la santé, enjeu de plus en plus préoccupant auquel le transfert de la clinique de la Croix aux Biches sur Bry-sur-Marne ne répond pas.

Enfin, Noisy doit prendre le temps d’intégrer dans les meilleures conditions possibles, en tenant compte de l’action de la région en matière de transport, notamment, ses nouveaux habitants sans négliger les plus anciens ou les anciens.

Je le rappelle, avec la ZAC du Clos Saint Vincent, le centre ville devient un quartier qui fait jeu égal en terme de démographie, voire plus avec plus de 8000 habitants, avec les quartiers dit de la ville nouvelle.

S’il ne s’agit pas de pause dans l’aménagement urbain indispensable, il s’agit bien de prendre le temps de la décision, de penser ensemble l’aménagement en tenant compte des contraintes actuelles existantes, y compris financières, mais aussi en tenant compte d’une qualité de vie à conquérir pour le plus grand nombre.

De ce point de vue, si nous saluons la volonté de la région d’acquérir aux côtés de la ville le bois Saint-Martin, comme nous saluons le conseil général qui aménage la Haute Ile, la réponse environnementale ne peut être constituée, pour l’ensemble de Noisy-le-grand, par ce seul bois ou l’aménagement des bords de marne.

Nous avons sans aucun doute d’autres possibilités pour améliorer le cadre de vie des habitants de la ville dans d’autres quartiers, l’évolution vraisemblable d’un quartier comme la Varenne en témoignera, pourvu que le choix d’un périmètre d’étude ne soit pas celui d’une densification future.

Enfin, avant de conclure, je crois dommageable pour la clarté et pour une compréhension exhaustive des enjeux du PADD que le document rendu public n’ait pas mis plus en exergue les responsabilités co-partagées de plusieurs opérateurs sur le territoire de la ville.

Bien sûr, loin de nous l’idée de minorer l’intervention de la ville dans ce domaine, mais présenter Mailles Horizon sans évoquer Epa Marne, par exemple, ou encore, la future gare routière du Mont d’Est sans insister sur l’intervention essentielle de l’Etat et de la Région laisse croire que la ville a la maîtrise de l’ensemble des projets qui pourraient fleurir sur son territoire.

Que la ville puisse être médiatrice, voire passeur d’idée, sans aucun doute ! Qu’elle puisse porter seule toute la dimension que le PLU se doit d’englober peut donner une image fausse, sinon décalée, de la réalité de ses moyens réels d’interventions.

Retenons un principe de réalité qui consiste à parler le plus vrai car, quels que soient les débats municipaux, faire croire en la circonstance serait l’ennemi du bien, pour le coup du bien public.

Gardons-nous des effets d’annonces sous prétexte de dynamisme.

Je conclurai, même si le PADD ne l’évoque pas explicitement, que nous aurons aussi à débattre prochainement d’une logique sécuritaire qui semble vouloir s’installer dans notre ville.

Je ne reviendrai pas sur l’appel malencontreux, c’est le moins que l’on puisse dire, à l’armée pour des incidents de novembre 2005 qui n’ont, heureusement, duré que trois jours à Noisy-le-grand mais je souhaite évoquer, car cela concerne une approche spécifique du développement urbain, la question de la vidéosurveillance et de la police municipale qui seront liées sans aucun doute. Citons tout de même les villes équipées actuellement en vidéo-surveillance en Seine-Saint-Denis : Noisy-le-Sec, Epinay, Le Raincy…, à notre connaissance pas des villes gérées par la Gauche !

Je confirme notre désaccord sur cette approche. Il y a mieux à faire dans notre ville, notamment sur le plan social tant la demande est importante avant que la sociologie de notre ville ait pu changer si le PLU présenté voit le jour.

Voilà, Mesdames, Messieurs, Monsieur le Député Maire, ce que le PLU et le PADD  inspirent, pour l’essentiel, aux Élus Communistes.

La stratégie de développement qui est proposée aux Noiséens recèle beaucoup d’incertitudes qu’aucun d’entre nous ne peut réduire sur le papier glacé d’une plaquette de présentation, fut-elle dynamique dans son déroulé !

Nous savons que « la vie n’est pas un long fleuve tranquille » comme dirait l’autre alors prudence, démocratie doivent être les maîtres mots de la démarche que les Élus se doivent d’initier. Il en va du bien-être des générations à venir.

Je vous remercie de votre attention.

Pour le Groupe Communiste

Étienne DOUSSAIN

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