Ca ne s’arrête pas en Mars… Soyons vigilants !

 

 enquête sur les comportements sexistes et les violences envers les filles 

(enquête CSVF )

Rencontre départementale

6 mars 2007  

Premiers resultats de l’enquête 

Cette enquête s’est déroulée auprès d’un échantillon représentatif de 1600 jeunes filles de 18 à 21 ans résidant, étudiant ou travaillant en Seine-Saint-Denis. L’enquête porte sur les situations vécues par les jeunes filles au cours des douze derniers mois et au cours de leur vie, dans les différentes sphères publiques et privées (espaces publics ou lors de sorties, famille, relation de couple, travail, scolarité, études, université).

Pourquoi une enquête auprès des jeunes filles ?

Depuis plusieurs années, les professionnel-le-s soulignent régulièrement la nécessité de mettre en place des actions de prévention auprès des enfants et adolescents pour lutter en amont contre les violences faites aux femmes, et font également état de relations sexistes voire violentes entre les garçons et les filles. Parallèlement, l’enquête nationale ENVEFF réalisée en 2000, montrait que les jeunes femmes (20-25 ans) étaient davantage victimes de violences que les autres.

Partant de ces constats et dans la continuité de l’enquête ENVEFF, l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, a initié cette enquête auprès des jeunes filles, afin de mieux connaître et de mieux comprendre la réalité pour mieux adapter les actions de prévention des comportements sexistes et violents et l’accompagnement des jeunes filles victimes. 

Première enquête quantitative en France sur les comportements sexistes et les violences envers les jeunes filles (enquête CSVF)

C’est la première fois que l’enquête nationale connaît une suite concernant les plus jeunes. L’absence d’enquêtes analogues portant sur la même tranche d’âge dans d’autres régions de France, ne permet pas de faire de comparaison par rapport à l’ensemble du territoire.

Il serait donc pertinent d’étendre cette enquête au niveau national, dans la mesure où d’autres enquêtes parallèles et certains éléments provenant de l’enquête ENVEFF, permettent de penser que le niveau de violences observé ici, n’est pas spécifique au département.

La parole des jeunes filles s’est libérée

Les taux de violences relevés dans l’enquête CSVF sont 2 à 5 fois supérieurs à ceux de l’enquête ENVEFF (pour les 19-24 ans). La parole des jeunes femmes s’est libérée, et dans un même mouvement, leur seuil de tolérance face aux comportements sexistes s’est abaissé. En effet, dans environ 68% des cas, les jeunes filles interrogées victimes de violences sexuelles en avaient déjà parlé autour d’elles. En 2000, c’était à l’inverse 68% des femmes interrogées qui n’avaient jamais évoqué auparavant les agressions subies. L’impact des nombreuses actions de sensibilisation auprès des jeunes apparaît ainsi nettement.

Les jeunes filles ont été particulièrement victimes de violences au cours de l’enfance et de l’adolescence

23% des enquêtées ont subi des violences physiques (coups violents, tabassage, menace armée, tentative de meurtre) au cours de leur vie. Dans la plupart des cas, ces violences ont été exercées par des adultes et le plus souvent dans le cadre de la famille. En effet, près des deux tiers des coups et autres brutalités ont été infligés par un membre de la famille ou un proche (père/beau-père ; mère/belle-mère ; famille et proches), tandis que les tentatives de meurtre sont essentiellement perpétrées à part égale par un membre de la famille ou par un inconnu. 

14% des enquêtées ont subi des agressions sexuelles (attouchements du sexe, tentative de viol, viol) au cours de leur vie. C’est majoritairement dans le cadre de la famille que sont commises ces agressions sexuelles et celles-ci sont principalement perpétrées par des proches. Les trois quarts des viols ont été commis par un membre de la famille, un proche ou leur petit ami. 

Le cadre familial apparaît comme singulièrement violent

Les premiers résultats de l’enquête révèlent un cadre familial violent qui, loin d’être un lieu protecteur, est le théâtre des violences subies par les jeunes filles au cours de l’enfance et de l’adolescence. Les auteurs de ces violences subies au cours de la vie sont majoritairement des adultes de la famille et des proches. Ces résultats devraient conduire à une meilleure écoute des enfants victimes dans le cadre de la protection de l’enfance contre les maltraitances.

Des violences qui perdurent après 17 ans…

L’enquête révèle en effet qu’au cours des 12 derniers mois, 30% des enquêtées ont subi des violences de toutes sortes dans les différents cadres de vie (elles ont été giflées, frappées, tabassées ou ont subi d’autres brutalités physiques, ont été mises à la porte ou enfermées dans une pièce ou un logement, ont été menacées avec une arme ou ont subi une tentative de meurtre). De plus, 5% des enquêtées ont subi des agressions sexuelles au cours des 12 derniers mois (attouchements du sexe, tentative de viol, viol).

Le cadre familial apparaît brutal, même pour des jeunes femmes majeures

L’enquête révèle l’ampleur de violences physiques privées subies par les jeunes femmes majeures : 11% des enquêtées ont subi des violences physiques plus graves que la gifle dans le cadre de leur famille lors des douze derniers mois ; et 15% de ces jeunes filles majeures ont reçu des gifles dans les douze derniers mois. 

L’espace public apparaît comme sexiste et inégalitaire

Au cours des douze derniers mois, 60% des jeunes filles interrogées déclarent avoir subi du harcèlement sexuel -autre que verbal- alors qu’elles circulaient dans un lieu public. Les principaux auteurs de harcèlement sexuel et des agressions sexuelles dans l’espace public sont des hommes adultes, et non le fait d’une jeunesse brutale.

Le cadre du travail est également un lieu de violences pour les jeunes actives

Au cours des douze derniers mois, 15 % des enquêtées actives ont subi du harcèlement sexuel et 11% ont subi des violences physiques dans le cadre de leur travail.

La relation de couple est déjà le lieu de violences conjugales

Au cours des douze derniers mois, 3% des enquêtées ont subi des agressions sexuelles (attouchements du sexe, tentative de viol, viol) et 12 % ont subi des violences physiques de toutes sortes de la part de leur partenaire.

Des taux de violences élevés envers les jeunes filles qui confirment le ressenti de nombreux professionnels 

Les taux de violences physiques et sexuelles relevés dans cette enquête sont particulièrement élevés, et ce, dans tous les cadres de vie.

Toutefois, ces données ne sont pas caractéristiques de la Seine-Saint-Denis, elles sont au contraire en adéquation avec les données statistiques nationales produites régulièrement par le Collectif féministe contre le viol.

Un récent rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies[2] (2007), sur les usages de drogues et la violence chez les jeunes de 17 ans, montre que les taux de violences observés en Seine-saint-Denis ne sont pas différents de ceux du reste de la France : les jeunes filles de Seine-Saint-Denis déclarent tout autant d’actes de violence subie que les filles des autres départements.

On peut noter également que les taux de violence relevés en 2007 ne sont pas en augmentation par rapport à ceux des années précédentes. 

Des premiers résultats qui seront complétés et finalisés pour une meilleure compréhension de ces phénomènes de violences

Il s’agit aujourd’hui que des toutes premières données de l’enquête, les résultats complets seront rendus publics en novembre 2007, car l’analyse approfondie des données, compte tenu du nombre de variables disponibles, va nécessiter un travail important (500 questions dans l’enquête).

Les premiers résultats de l’enquête serviront dès à présent aux diverses actions de sensibilisation proposées par l’Observatoire départemental des violences envers les femmes, qui est non seulement un outil d’analyse et de recensement, mais aussi un espace d’échanges et de réflexion et un vecteur de communication et d’information.

A l’occasion de la journée internationale contre les violences envers les femmes, des actions décentralisées en partenariat avec les villes seront organisées afin de faire connaître à la population du département les résultats finalisés de l’enquête. Les liens déjà tissés par l’Observatoire avec des personnalités féministes engagées dans la lutte contre les violences envers les femmes dans le monde, viendront enrichir ces journées. Des représentations de théâtre forum destinées aux jeunes et aux professionnel-le-s accompagneront également ces actions de sensibilisation et de prévention.

Observatoire départemental des violences envers les femmes, Direction de la Prévention et de l’Action Sociale Tél : 01 43 93 41 95 – Fax : 01 43 93 41 99 Mail : eronai@cg93.fr

[1] Enquête nationale sur les violences envers les femmes, réalisée en 2000, auprès de femmes de 20 à 59 ans 

 [2], Legleye S, Le Nezet O, Spilka S, Rapport sur les usages de drogues et la violence en Seine-saint-Denis à 17 ans . Analyse des données Escapad, OFTD. 

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